D’où vient le concept de Transition Juste?
L’idée de transition juste trouve ses origines dans les luttes syndicales américaines des années 1970. Le Syndicat des travailleurs du pétrole, de la chimie et de l'énergie atomique revendique alors la création d’un fonds de soutien aux travailleurs mis au chômage en raison de l’impact environnemental de leur secteur d’activité.
A partir de là, la notion de Transition Juste fait son chemin et entre peu à peu dans les débats au niveau international.
De 2010 à 2015, un travail est mené au sein de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) afin de développer les « 9 principes directeurs pour une transition juste vers des économies et des sociétés écologiquement durables pour tous »
Toujours en 2015, l’Assemblée générale des Nations Unies adopte l’Agenda 2030 pour le développement durable qui se décline en 17 Objectifs de développement durable et dont la devise est “Leave no one behind”. La réalisation de ces objectifs permettra de mettre fin à la pauvreté, de protéger la planète et de garantir à tous la paix et la justice.
En 2015 également, l’Accord de Paris est adopté par la communauté internationale, et fixe l’objectif commun de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degrés par rapport au niveau préindustriel. Le Préambule de l’Accord fait écho au travail de l’OIT et évoque les « impératifs d’une transition juste pour la population active et de la création d’emplois décents et de qualité ».
En 2018, les marches pour le Climat, menées par des milliers de jeunes dans le monde, mettent la réalisation des objectifs climatiques au cœur des programmes des gouvernements.
Lors de la mise en œuvre du Green Deal européen, la transition juste est indiquée comme un pilier essentiel de la nouvelle stratégie de la Commission européenne. L’objectif de “ne laisser personne sur le bord du chemin” s’impose comme une évidence : la transition sera juste, ou il n’y aura juste pas de transition.
Résolution sur une transition juste – Organisation internationale du travail. En savoir plus
La prise en compte des personnes plus vulnérables, et la mise en œuvre de politiques qui luttent efficacement contre le dépassement des limites planétaires et contre les inégalités apparaît comme une perspective à portée de main.
Qu’en est-il en Belgique ?
En 2019, la Coalition Climat mentionne de nombreuses fois la transition juste dans son mémorandum en vue des élections belges et européennes. Elle demande notamment de prévoir l’organisation d’une conférence nationale sur la transition juste.
Le 30 septembre 2020, la demande est entendue et la Conférence nationale pour une transition juste est inscrite dans l’Accord de gouvernement fédéral Vivaldi.
Cette Conférence pour une transition juste est vue non pas comme un point final mais comme le début d’un long processus qui devrait nous conduire de manière juste et démocratique vers une Belgique climatiquement neutre, circulaire et d’ici 2050.
En novembre 2020, le Conseil fédéral du Développement durable publie un avis sur « une transition juste vers des économies et des sociétés écologiquement durables pour tous » et révèle les défis que la Belgique devra relever dans les prochaines années, défis qui peuvent devenir des opportunités économiques, sociales et environnementales.
Le 24 mai 2022, la Ministre Zakia Khattabi a annoncé le lancement des Etats Généraux pour une Transition Juste. Ils se composent de 4 axes de travail : un Haut comité composé de 24 scientifiques, un Forum de la société civile, une Agora citoyenne et les administrations fédérales. Les Etats généraux se sont déroulés en 2022 et 2023 et ont chacun contribué à la Conférence pour une Transition juste en Belgique organisée en novembre 2023.
Les 8 et 9 novembre 2023 s’est tenue la Conférence pour une Transition juste en Belgique. Elle a été l’occasion de faire le point sur les contributions des Etats Généraux, ainsi que sur les avis sur le sujet de la transition juste remis par plusieurs organes et institutions.
Une approche fondée sur les droits fondamentaux
La transition juste est le chemin vers une société durable. Le respect du principe de justice suppose que la transition améliorera le bien-être de la population. Dans cette optique, l’approche par les besoins fondamentaux permet de penser la désirabilité du monde de demain: un monde dans lequel chacune et chacun aura un toit où dormir, une alimentation de qualité, l’accès à la culture et au divertissement, à l’éducation, aux soins de santé et à une mobilité active. La satisfaction de ces besoins est ce qui permet l’épanouissement humain et la prospérité dans le respect des limites planétaires.